Dans la peau des Mentawaïs: La Uma

Publié le par Emilie & Hervé

La "Uma" désigne la longue maison (longhouse) commune des Mentawaïs mais aussi le clan qu'elle abrite. C'est là qu'habite la famille élargie aux fils mariés, à leur femme et enfants. 

Lorsque une des filles se marie, elle doit quitter la Uma familiale pour aller s'installer dans celle de la famille du mari. Alors certaines hésitent et prennent leur temps afin de ne pas quitter leur clan. C'est le cas de Lily et Kakouille qui préférent l'atmosphère de leur Uma plutôt qu'aucune autre.

La Uma est généralement construite pour une durée de 40 ans, dans un bois tropical particuliérement résistant.  Sur pilotis, on y accède par une allée de troncs. Les cochons et volailles errent en toute liberté sous et autour de la maison. Les coqs chantent, les cochons fouillent le sol en grognant et les bébés crient. Une belle cacophonie qui laisse peu de place à l'intimité.

La décoration est assez sommaire, car les Mentawaïs ne sont pas de grands artistes. Les crânes des animaux sacrifiés et les trophés de chasse (crânes de singes et cerfs) sont suspendus au dessus des entrées et du feu. Les animaux domestiques sont tournés vers l'intérieur de la Uma, les animaux sauvages vers l'exterieur. Ces trophés font le prestige du clan. On peut juger depuis quand ils sont là, à la pellicule de poussière qui les recouvre. Les crânes sont sensés abriter les esprits des animaux chassés.

Au fin fond de la jungle, il fallait un mode de communication infaillable pour annoncer les nouvelles majeures aux voisins: décès, mariage, naissance, cérémonie. Des troncs creux servent de téléphone à la Uma: ils sont généralement accrochés au plafond, mais ici, ils ont choisi de les placer à l'extérieur sous le proche d'entrée.

La Uma se compose de 3 pièces successives:

- Le porche: L'entrée est ouverte sur les côtés et bordées de bancs. Ce fut notre chambre à coucher. On y reçoit les invités, discute, boit le thé, se relaxe...

- La pièce centrale avec son feu permanent au milieu où l'eau bout. Il suffit de déplier sa moustiquaire pour passer en mode chambre à coucher. C'est ici que se déroulent les cérémonies. Le sol du milieu est prévu à cet effet. Losqu'on danse, les tapements de pieds résonnent contre une latte de bois transversale. Sur les cotés, les planches peuvent être retirées à tout moment pour une envie urgente des enfants ou attraper un cochon par exemple. 

On y prend les repas. Les familles se regroupent dans les coins.

- La cuisine. Derniére des 3 pièces successives, avec une porte de sortie sur la jungle, c'est le repère des femmes. On y cuit le sago.

C'est aussi de là que partent les cérémonies de purification. Les shamans chantent au son de leurs clochettes et déboulent dans la pièce centrale en chassant les mauvais esprits au passage (bajou).

Car, comme les hommes et les animaux, les choses ont des esprits, et la Uma plus que tout autre. Il faut donc en prendre soin et la protéger des mauvais esprits.

La Uma a un totem, le Jaraik. Il s'agit d'une pièce de bois accrochée en haut de la porte qui mène vers la cuisine. La plupart ont été racheté par des anthropologistes.

Côté grigri, un grand panier avec des offrandes et des feuilles est accroché au plafond de la cuisine et à l'entrée sous le proche. Ce sont les deux amulettes les plus importantes de la Uma.

En plus de la Uma, les couples ont aussi une maison de champs, le Sapou, où ils élèvent leurs poules et cochons. Le sapou se compose généralement d'un porche et d'une seule pièce avec un âtre. Ils y vivent plus ou moins longtemps suivant le besoin d'intimité. Et avec les héritages de mariage, les champs et maisons peuvent être plus ou moins loin de la Uma.

Sur les murs, la mémoire des morts (Takep): Lors d'un décés, on prend les empruntes des mains et des pieds du défunt. Puis on dessine des disques ou demi cercles pour compter le nombre de lunes de deuil. Mais avec le temps, ils perdent un peu le fil. Le temps au fin fond de la jungle est plus que relatif. Si des horloges offertes par des touristes mais arrêtées depuis des lustres faute de piles trônent encore dans la Uma, personne ne sait exactement quel âge il a, quel jour nous sommes et quelle heure il est. Pour quoi faire?...

Le porche d'entrée est le théâtre d'interminable palâbres. Il n'y a pas de tradition écrite, donc tout repose sur la transmission orale. Mais surtout, la Uma n'a pas de chef (même si les shamans jouissent d'un statut privilégié), elle fonctionne sur le principe de l'unanimité. Donc toute décision ou dispute fait l'objet de discussions sans fin. L'histoire est reprise du début à chaque nouvelle arrivée. Et chacun de donner son avis.

La Uma se sépare quand il y a une dispute ou quand la maison devient trop petite pour accueillir tout le clan.

Les membres du clan se doivent mutuelle assistance. Le principe communautaire s'applique de façon trés stricte, en particulier sur le partage minutieux de la nourriture. Manger seul est considéré comme pervers.

Publié dans Tous en Indonésie!

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H
y sont pas a l'etroit du tout, la huma est super grande, ils sont certes nombreux dedans, mais il y a de la place.
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A
Et dire qu'en France on se sent a l'étroit dans un 70 metre carré.
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